Les pensées dysfonctionnelles

 

Catherine, vous avez été à un congrès en France à Metz sur la psychothérapie dans le champ de la sexualité au mois de novembre 2011 à l'université Paul Verlaine. Vous avez eu envie de partager un point précis qui vous a paru très riche. Il s'agit d'une intervention sur les pensées dysfonctionnelles. De quoi s'agit-il exactement ?

 

Catherine : Ce sont des pensées toxiques qui nous font du mal et gâchent notre vie.Et souvent, nous n'avons même pas conscience d'avoir de telles pensées.
 
Claire : Est-ce que vous pouvez nous donner des exemples ?
 
Catherine : Un exemple de pensée dysfonctionnelles, c'est
le tout ou rien... « Ma partenaire n'a pas eu d'orgasme, donc je suis nul. Alors qu'il pourrait se dire : « Je vais apprendre comment elle fonctionne et elle va m'aider. » Ou encore : « Je fais 3 kilos de plus que mon poids idéal, donc je suis énorme ». Pourtant, avec 3 kilos de trop, on est mince. Au lieu de considérer qu'il y a des nuances, on voit tout de suite le pire !
 
Une autre pensée dysfonctionnelle, c'est le filtre négatif. Vous avez passé une très belle soirée en couple. Et vous vous dîtes : « Elle est arrivé en retard, ça m'a gâché toute la soirée ! » Vous ne voyez que le négatif. Du coup, vous n'êtes jamais heureux !
 
Claire : Que faire pour contrer ces pensées dysfonctionnelles ?

Catherine : Le plus difficile, en fait, c'est de les repérer. Il est très facile de repérer celles des autres. Comme je vais les décrire, je parie que vous allez dire « Ah oui, c'est exactement comme ma soeur, ou c'est comme mon mari... » Et en fait, le problème, c'est qu'il faut repérer les vôtres si vous voulez changer. Si vous signalez les leurs aux personnes de votre entourage, à moins qu'elles ne vous ait demandé de les aider, il y a des chances pour qu'elle prennent plutôt mal vos remarques. Alors, occupez-vous de vous changer vous-même. Il faut se dire : je suis la seule personne que je peux changer !
 
Claire : Quelles sont les autres pensées dysfonctionnelles qui nous gâchent la vie ?
 
Catherine : Il y en a une étonnante, c'est l'inversion du positif. On vous fait un compliment et au lieu de le recevoir avec joie, vous le transformez en une critique intérieure. Il vous dit : « Tu es jolie avec cette robe ». Vous pensez : « Il me dit ça, parce qu'il me voit de face, mais en fait, je sais que cette robe me fait de grosses fesses... » Les personnes qui inversent le positif ne savent pas recevoir les belles choses de la vie !
 
D'autres ont tendance à généraliser le négatif. Dans la vie, on peut très bien vous faire des critiques. Mais vous les amplifiez dans votre tête. Par exemple elle est en période de règles et dit à son homme : « Aujourd'hui, tu m'as fait un peu mal avec tes caresses sur les seins. Je sens que je suis hypersensible ». Et il pense : « Je savais, je suis un amant complètement nul. » A partir d'une toute petite chose négative, il se démolit complètement !
 
Claire : Mais est-ce que nous n'avons pas tous des pensées dysfonctionnelles comme celles-là par moment ?
 
Catherine : Si bien sûr. Surtout quand nous ne sommes pas en forme, notre cerveau peut très bien avoir tendance à produire ces pensées négatives. Mais ce qui les rend toxiques, c'est quand elles devienennt très nombreuses et quasi systématiques. On peut alors se gâcher la vie tout seul.
 
Claire : Existe-t-il encore d'autres pensées dysfonctionnelles et comment faire pour s'en débarrasser ?
 
Catherine : Une autre, c'est la télépathie négative. Un exemple : Il m'a regardé et il pense que je suis moche ! On croit lire dans les pensées des autres, et on n'y lit que du négatif, parce qu'en fait, ce négatif, il est en nous.
Pour s'en débarrasser, comme avec toutes les pensées dysfonctionnelles, il faut les repérer, puis les contrer à chaque fois qu'elles viennent. C'est-à-dire se faire la leçon tout seul, et trouver une pensées réaliste et non dysfonctionnelle. Il m'a regardé, c'est normal, je suis juste devant lui ! Il m'a regardé, je ressemble peut-être à quelqu'un qu'il connaît. Attention, il est difficile de transformer une pensée négative en pensée positive quand on est très habitué au négatif. Dans un premier temps, il vaut mieux trouver une pensée neutre, c'est plus facile, et ça suffit à neutraliser la pensée toxique.Petit à petit, si on le fait régulièrement, on va perdre le réflexe d'avoir automatiquement une pensée négative.
 
Claire : voyez-vous encore d'autres pensées négatives ?

Catherine : Bien sûr, par exemple, l'exagération. « Je tousse, je dois avoir le sida ». « Il ne m'a pas embrassé comme d'habitude, donc il ne m'aime plus... ».
Ou encore les prédictions négatives. On lit dans le futur comme si on était une voyante et on se prédit tout seul le pire. Je vais finir clochard, c'est certain. Je ne vais jamais rencontrer personne. On se persuade que ces pensées sont justes.
Le raisonnement émotionnel : On prend son émotion pour une preuve que tout va mal.
Je suis déprimé, donc c'est que je suis incapable de faire face.
Je suis angoissé, c'est parce qu'il m'arrive des ennuis et qu'il va m'en arriver d'autres, je le sens.
Je suis désespéré, c'est bien la preuve que mes problèmes sont impossibles à régler.
La culpabilisation : tout est toujours de ma faute. S'il a une panne d'érection, c'est parce que je ne sais pas m'y prendre...
 
Les obligations impossibles rapportées à soi. Je devrais réussir à tout faire mon travail en une journée. Je n'y parviens pas, donc je suis nulle. Mon fils devrait être bon à l'école, c'est parce que je suis nul qu'il ne l'est pas.

Les obligations impossibles rapportées aux autres. Il devrait savoir comment bien faire l'amour.
 
 
Claire : on peut tous trouver des exemples vivants. Vous pouvez retrouver ces pensées sur notre site Internet et réfléchir sur vous pour vous en affranchir et être plus heureux, en amour et dans la vie !
 
 
Pour le site Internet :
Un congrès a eu lieu en France à Metz sur « La psychothérapie dans le champ de la sexualité » au mois de novembre 2011 à l'université Paul Verlaine. Nous avons eu envie de partager un point précis qui nous a paru très riche. Il s'agit d'une intervention sur les pensées dysfonctionnelles. De quoi s'agit-il exactement ?
 
Ce sont des pensées toxiques qui nous font du mal et gâchent notre vie.Et souvent, nous n'avons même pas conscience d'avoir de telles pensées.
 
Voici quelques exemples de pensées dysfonctionnelles :
 
Le tout ou rien... « Ma partenaire n'a pas eu d'orgasme, donc je suis nul. Alors qu'il pourrait se dire : « Je vais apprendre comment elle fonctionne et elle va m'aider. » Ou encore : « Je fais 3 kilos de plus que mon poids idéal, donc je suis énorme ». Pourtant, avec 3 kilos de trop, on est mince. Au lieu de considérer qu'il y a des nuances, on voit tout de suite le pire !
 
Le filtre négatif. Vous avez passé une très belle soirée en couple. Et vous vous dîtes : « Elle est arrivé en retard, ça m'a gâché toute la soirée ! » Vous ne voyez que le négatif. Du coup, vous n'êtes jamais heureux !
 
L'inversion du positif. On vous fait un compliment et au lieu de le recevoir avec joie, vous le transformez en une critique intérieure. Il vous dit : « Tu es jolie avec cette robe ». Vous pensez : « Il me dit ça, parce qu'il me voit de face, mais en fait, je sais que cette robe me fait de grosses fesses... » Les personnes qui inversent le positif ne savent pas recevoir les belles choses de la vie !
 
La généralisation du négatif. Dans la vie, on peut très bien vous faire des critiques. Mais vous les amplifiez dans votre tête. Par exemple elle est en période de règles et dit à son homme : « Aujourd'hui, tu m'as fait un peu mal avec tes caresses sur les seins. Je sens que je suis hypersensible ». Et il pense : « Je savais, je suis un amant complètement nul. » A partir d'une toute petite chose négative, il se démolit complètement !
 
La télépathie négative. Un exemple : Il m'a regardé et il pense que je suis moche ! On croit lire dans les pensées des autres, et on n'y lit que du négatif, parce qu'en fait, ce négatif, il est en nous.
 
 
L'exagération. « Je tousse, je dois avoir le sida ». « Il ne m'a pas embrassé comme d'habitude, donc il ne m'aime plus... ».

Les prédictions négatives. On lit dans le futur comme si on était une voyante et on se prédit tout seul le pire. Je vais finir clochard, c'est certain. Je ne vais jamais rencontrer personne. On se persuade que ces pensées sont justes.

Le raisonnement émotionnel : On prend son émotion pour une preuve que tout va mal.
Je suis déprimé, donc c'est que je suis incapable de faire face.
Je suis angoissé, c'est parce qu'il m'arrive des ennuis et qu'il va m'en arriver d'autres, je le sens.
Je suis désespéré, c'est bien la preuve que mes problèmes sont impossibles à régler.
 
La culpabilisation : tout est toujours de ma faute. S'il a une panne d'érection, c'est parce que je ne sais pas m'y prendre...
 
Les obligations impossibles rapportées à soi. « Je devrais réussir à tout faire mon travail en une journée. Je n'y parviens pas, donc je suis nulle ». « Mon fils devrait être bon à l'école, c'est parce que je suis nul qu'il ne l'est pas. »

Les obligations impossibles rapportées aux autres. « Il devrait savoir comment bien faire l'amour. »

Nous avons tous des pensées dysfonctionnelles comme celles-là par moment ?
 
Ce qui pose problème, ce ne sont pas ces pensées toxiques occasionnelles. Car, surtout quand nous ne sommes pas en forme, notre cerveau peut très bien produire ces pensées négatives. Ce qui les rend toxiques, c'est leur nombre et leur survenue continuelle, quasi systématiques. On peut alors se gâcher la vie tout seul.
 
Comment contrer ces pensées dysfonctionnelles ?

Le plus difficile, c'est de les repérer. Il est très facile de repérer celles des autres. Pourtant, ne vous en occupez pas. Et le problème, c'est qu'il faut repérer les vôtres si vous voulez changer. Il faut se dire : je suis la seule personne que je peux changer !
 
Comment se débarrasser des pensées dysfonctionnelles ?
Commencez donc par les repérer.
Ensuite, il les contrer à chaque fois qu'elles surviennent. Cela consiste à se faire la leçon tout seul, et trouver une pensées réaliste et non dysfonctionnelle pour remplacer la pensée toxique. Par exemple : Au lieu de « Il m'a regardé. Il pense que je suis moche », remplacer cette pensée par : « Il m'a regardée, c'est normal, je suis juste devant lui ! Il m'a regardé, je ressemble peut-être à quelqu'un qu'il connaît ».
Attention, il est difficile de transformer une pensée négative en pensée positive quand on est très habitué au négatif. Dans un premier temps, il vaut mieux trouver une pensée neutre qui suffit à neutraliser la pensée toxique. Petit à petit, si on le fait régulièrement, on va perdre le réflexe d'avoir automatiquement une pensée négative. Et on se sent plus heureux !
« J'ai eu 15/20 à mon contrôle, je n'ai pas eu 20/20, donc je suis nul. Je fais 3 kilos de plus que le poids idéal, donc je suis énorme. J'ai un appareil dentaire, donc je suis un monstre de laideur... Quand on pense en tout ou rien, malheureusement, c'est plus souvent le rien que le tout ! Alors, on se juge mal, on se rabaisse. Et on se sent de plus en plus mal...
Comment se booster ? Il suffit de s'entraîner à repérer ces pensées et à lutter contre. Quand elles viennent, on les critique. « On se dit : 15/20, c'est une super note en fait, c'est mention bien au bac ! » On se dit : 3 kilos, OK, j'aimerais les perdre, mais qu'est-ce que 3 petits kilos changent vraiment dans ma vie ? Ce n'est même pas une taille en plus.» Ou encore : « J'ai un appareil dentaire, mais d'autres en ont, et on peut même être plutôt bien avec un appareil dentaire...
 
Le filtre négatif...
Tu passes une soirée géniale avec tes potes, mais tu es arrivée en retard parce que ta mère avait oublié de faire le plein d'essence et qu'il y avait la queue à la pompe. Et tu dis « C'était nul, cette soirée, j'ai raté le début où ils ont le plus rigolé... » Ou alors, « Sarah n'était pas là, la soirée était complètement loupée... » Et même si tu gagnes aux échecs, tu rumines sur les erreurs que tu as commises et qui auraient pu te faire perdre. Autrement dit, si tu fonctionnes ainsi, tu vois toujours la bouteille à moitié vide, ou même aux 9/10ième vide. Ton cerveau est entraîné à ne voir que ce qui ne va pas. Et tu réussis très bien à te gâcher la vie et à ne profiter de rien !
Comment se booster ? Il faut d'abord prendre conscience de ce fonctionnement toxique. On espère que tu ne le fais pas à 100 %, sinon, bonjour la déprime ! Et puis, ensuite, entraînes-toi à pointer tout ce que tu as préféré dans une soirée, dans un voyage, dans une journée. Le soir avant de dormir, tu te poses une question : « qu'est-ce qui a été top dans cette journée ? » Et tu t'obliges à trouver plusieurs réponses. Petit à petit, ton cerveau va s'entraîner à fonctionner différemment.
 
L'inversion du positif.
« Il est génial ton jean ! » On te fait ce compliment et tu penses : « Il me dit ça parce qu'il ne voit pas que ça me fait de grosses fesses. » Chaque fois qu'on te dit quelque chose de positif, tu le transformes en négatif. Tu rends un exposé, le prof te complimente, et tu penses : « Elle ne sait pas que j'ai zappé toute une partie que j'aurais dû exposer aussi. » Pas moyen de te mettre le nez dans le positif, tu es allergique !
Comment se booster ? Là encore, il faut se rendre compte de cet automatisme pour lutter contre. Apprendre à accepter les compliments et à les savourer. Et puis, prendre confiance en soi de l'intérieur. Quand on inverse le positif, c'est généralement qu'on pense que dans le fond, on ne vaut rien. Alors, commence par te persuader que oui, tu as de la valeur... Même une toute petite valeur pour commencer !
 
 
 Les pensées qui tuent ! Les pensées qui boostent... (2)
 
Notre cerveau ne peut pas s'empêcher de penser sans arrêt. Ça, c'est normal. Le problème, c'est quand des pensées toxiques s'incrustent et nous gâchent la vie. Et parfois, on ne s'en rend même pas compte. Fais le bilan des pensées nocives que tu dois éviter pour être heureux et réussir ! Tout ou rien ? Filtre négatif ? Inversion du positif ? La suite des pensées toxiques.
 
La généralisation exagérée.
A partir d'un événement pas très positif, on généralise. « J'ai eu 9/20, je n'arriverai jamais à dépasser la moyenne. » Il m'a larguée ? Toute ma vie, je vais me faire larguer. D'ailleurs je n'ai jamais réussi à m'entendre avec un mec plus de 2 semaines... On peut généraliser dans le futur, dans le passé, ou dans différents domaines. « Je fais un mauvais temps au 100 mètres ? Je suis nul en sports » Alors que ça arrive à n'importe qui d'avoir une note sous la moyenne, d'être largué un jour ou de ne pas être bon dans un sport donné !
Comme se booster ? Prendre acte de ce qui ne va pas, et le mettre en perspective. J'ai déjà eu des 15/20, j'ai déjà largué quelqu'un, ou en natation, je suis plutôt bon. Ne pas s'enfoncer dans les pensées négatives, mais laisser le négatif qui nous arrive cantonné à ce qu'il est.
 
 
La téléphathie négative.
« Il m'a regardé, il pense que je suis idiote, je le sais ». On croit savoir ce que les autres pensent, et bien sûr, c'est toujours négatif !
« Le prof me fait un sourire en coin », c'est parce qu'il m'a mis une mauvaise note. « Ma copine ne me rappelle pas, en fait, elle fait semblant de m'apprécier alors que c'est faux et qu'elle me trouve inintéressant »...
Comment booster ? Repérer cette sorte de voyance négative. Et se dire : « en fait, j'imagine, je n'en sais rien ! Et aller plus loin : ça pourrait être le contraire. « Il m'a regardé parce qu'il me trouve jolie ». Le prof me sourit, peut-être parce que j'ai mieux réussi mon contrôle que d'habitude... »
 
L'exagération.
« Je tousse, ça doit être le sida ». « Je suis arrivée en retard au lycée, on va me renvoyer ».
J'ai eu 10 à mon contrôle, je vais redoubler, c'est certain. C'est une exagération dramatique. Et ça fait mal. Quand le cerveau croit que le pire est là, on se stresse pour quasiment rien.
Que faire : Observer cette pensée toxique et la contrer. Trouve une pensée contraire. « J'ai un rhume, c'est normal, c'est la saison. Et même si je pouvais manquer un jour de lycée et me prélasser au lit ! » « J'ai eu 10 à mon contrôle, c'est la moyenne quand même. Et je sais que je peux faire mieux. »
 

Ecoutez la chronique du Dr C. Solano:

 

 

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